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Seshan Valli (Chari)

Originaire de Madras, Valli a participé à un premier chantier en Inde en 1957, avant d’être
volontaire à long terme en Europe en 1958-59 et de travailler au Secrétariat asiatique de 1960 à 1965. Avec son mari, A.S. Seshan, ancien Secrétaire de la branche indienne, elle a été l’un des quatre membres du Secrétariat international, alors basé à Bangalore, de 1986 à 1990. Leur maison a toujours été ouverte aux volontaires. Seshan est décédé en 1989, lors d’une réunion annuelle du SCI.

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Olivier Bertrand: Breaking down barriers 1945-1975, 30 years of voluntary service for peace with Service Civil International.
Paris (2008)

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Valli (Chari) Seshan

La marche en avant après les conflits

Mon enfance, dans une famille traditionnelle de l’Inde du Sud mais d’esprit ouvert, n’a rien eu d’exceptionnel. Sans que je puisse donner de détails précis, je me souviens que même les enfants avaient entendu parler de Gandhi, des conflits qui ont précédé l’Indépendance et de l’atmosphère qui régnait dans le pays. Tout cela touchait la famille au sens large d’une manière ou d’une autre. La guerre mondiale avait lieu ailleurs, mais avait un impact sur nous. Notre évacuation de Madras par crainte des sous-marins ennemis (japonais) et la destruction d’autres pays par l’Allemagne étaient terrifiantes pour de jeunes enfants, qui n’y comprenaient pas grand chose. Mais dés l’âge de dix ou onze ans, je prenais parti pour les Indiens qui luttaient pour la liberté contre la répression britannique et je savais que des nations étaient opprimées par d’autres, plus puissantes et conquérantes.
Pour une adolescente, la participation aux fêtes de l’Indépendance a été une expérience enthousiasmante. La nouvelle de l’assassinat de Gandhi (je me souviens d’une impression de perte et de fin du monde : la vie s’était arrêtée dans les rues désertées et l’on n’entendait que les chants de deuil), le récit des massacres à grande échelle dans le Nord (le Sud n’a pas vécu les horreurs de la partition) et la division de notre pays m’ont affectée d’étrange manière. La vie a continué, mon père est décédé subitement et la famille a été obligée de se séparer. Lorsque j’ai terminé mes études supérieures, je suis allée vivre à Delhi, où j’ai enseigné pendant deux ans.
Les années 50 ont été importantes pour moi et pour l’Inde indépendante : le sentiment que l’on allait de l’avant était très fort. Le concept de développement communautaire, promu par le gouvernement, était très attrayant pour un jeune. C’était le moment de s’engager avec pour idéal le désir de se rendre utile pour la société.

Premier contact avec le SCI

C’est par un heureux hasard que j’ai participé à un chantier international organisé par la jeune branche indienne du SCI en novembre 1957, pour creuser des fondations pour une école de village dans le Rajasthan. C’est sur l’insistance de Seshan, un membre actif du SCI et un ami de la famille, que j’y suis allée. Mais ce heureux hasard a constitué un moment important car, pour moi comme pour beaucoup d’autres, cette expérience a été décisive et a contribué à orienter toute mon existence.
Ce chantier international était conforme à l’esprit du SCI en illustrant ses principes : abolir les préjugés qui séparent les peuples, promouvoir la compréhension mutuelle, accepter la discipline qu’implique un dur travail physique et constituer un groupe humain harmonieux fondé sur le respect mutuel. Tous ces principes étaient parfaitement mis en pratique sans avoir besoin d’être explicités. Le groupe était constitué de villageois, de volontaires indiens provenant de différents Etats, de volontaires à long terme étrangers comme Phyllis et Sato – dont beaucoup ont consacré leur vie au SCI – et de Dorothy Guiborat, la Secrétaire internationale alors en visite en Inde. Au cours du chantier, les discussions portaient sur les activités et les différents aspects du SCI. En tant qu’Indienne, j’ignorais l’existence du service militaire obligatoire dans d’autres pays et j’étais très impressionnée par les fortes convictions de ceux qui s’y opposaient et qui étaient prêts à payer le prix pour cela. Le chantier faisait la preuve du potentiel extraordinaire d’action créative et de changement que pouvait avoir un petit groupe dans un contexte susceptible de donner du sens à cette action. Cette constatation m’a influencée dans la suite de mon travail avec le SCI et plus tard avec d’autres organisations.
A la suite de ce chantier, Dorothy m’a entraînée rapidement dans les activités du mouvement. Elle m’a d’abord fourni l’occasion d’expériences intenses, puis m’a motivée pour un engagement durable. Son travail antérieur avec le SCI avant nos rencontres en Inde et en Europe m’a inspirée et j’ai été impressionnée par ses capacités d’organisation. Par la suite, j’ai été aidée par nombre de personnes avec qui j’ai travaillé ; leurs noms sont toujours présents, mais la liste en serait trop longue.

Volontaire en Europe, 1958-59

Mes expériences avec le SCI en Inde et en Europe m’ont beaucoup inspirée et enrichie. Le fait de vivre et de travailler pour la première fois dans une culture différente posait beaucoup de questions à nous tous. On avait l’impression d’être évaluée, d’une manière sérieuse, mais sans hostilité. Je pense par exemple aux questions que l’on me posait : «Comment peux-tu travailler en sari ? Pas de viande, pas d’alcool, pas de danse : que te reste-t-il dans la vie ? » Certains me regardaient comme s’il fallait s’apitoyer sur moi et si j’avais besoin de sympathie. En fait, c’était plutôt l’inverse. Je n’étais nullement envieuse et j’avais de la sympathie pour eux. Il y avait aussi des questions sur mes habitudes : par exemple sur le fait de dormir tous ensemble dans la même pièce ; ou bien sur le fait que les anciens pouvaient dire à des adultes plus jeunes ce qui était bien ou mal. Durant les années 50, il n’était pas fréquent d’être une jeune femme seule sur un chantier du SCI (et non pas une étudiante ou un membre d’un organisme quelconque). J’étais respectée et parfois traitée avec paternalisme. Etait-ce la surprise de voir que bien que femme, venant d’un pays « sous-développé », je pouvais « fonctionner normalement » dans un tel environnement ? C’était une question amusante que je posais parfois aux autres.
Le temps que j’ai passé avec le Secrétariat international à Clichy (voir aussi Claire Bertrand au chapitre 2 et Phyllis Sato, ci-dessus) a été une expérience instructive. L’installation était très sommaire : il y avait des cafards et le niveau de confort était en fait inférieur à celui auquel j’étais habituée en Inde. Il m’a fallu m’adapter et les amis du SCI m’ont aidée.
J’ai appris à me garder des stéréotypes. J’ai pu constater à quel point les êtres humains étaient semblables, que ce soit en Norvège, dans un village de montagne en Suisse ou dans une grande cité comme Paris. C’était rassurant, mais j’ai aussi appris depuis que les éléments de similitude pouvaient aussi constituer la base de préjugés profondément enracinés, allant de la sympathie ou de l’hostilité jusqu’à la haine sur une large échelle.
Ce qui a eu le plus d’effet sur moi durant ma période de volontariat en Europe a été la rencontre avec des personnalités qui m’on inspirée, l’établissement d’amitiés profondes et la connaissance de l’histoire du SCI. J’ai aussi acquis quelques connaissances en organisation, mais surtout une capacité à m’adapter à une diversité d’environnements et de cultures.
On m’a souvent demandé à quoi servaient les chantiers et s’ils faisaient un travail utile. Je pense que l’important n’est pas tellement le type de travail qui est fait, que l’abolition des préjugés. Cela a toujours été valable, quelle que soit l’époque. C’est une ouverture : des gens d’origines complètement différentes se retrouvent, qui ont choisi de se mettre dans cette situation parce qu’ils se préoccupent d’autres gens très éloignés d’eux. Ils ne viennent pas d’abord avec l’idée de changer les autres, ni d’être très utiles ; il s’agit plutôt d’être avec d’autres avec un sentiment de solidarité. C’est aussi une possibilité de changer soi-même, de renoncer à ses propres préjugés et peut-être d’aider les autres à en faire de même. Les volontaires disent souvent qu’ils ont beaucoup appris sur eux-mêmes.

La découverte de l’URSS et de l’Europe

Mon premier chantier était un chantier Est-Ouest, en Moldavie (alors partie de l’URSS[1]). Le monde était à cette époque divisé en deux : les Communistes et les non Communistes. En tant qu’Indienne, je considérais que j’étais acceptable pour les deux côtés. Pour moi, durant ces années 60, c’était une occasion extraordinaire, mais je ne savais pas trop ce qu’il se passait et ce qu’on attendait de moi. Devinder m’avait seulement dit : « Tu y vas » et j’y suis allée. En raison des restrictions de change, j’avais seulement le droit d’emmener 75 roupies. J’ai atterrie à Tachkent, sans argent, sans adresse et sans numéro de téléphone. Devinder m’avait dit que quelqu’un m’attendrait à l’aéroport, mais il n’y avait personne et je me demandais quoi faire. Mais une demi heure plus tard, un homme et une femme sont venus, dont l’un parlait anglais. Ils ont juste dit « Hello, Miss Chari », ont pris ma valise et nous voilà partis. Il fallait avoir confiance dans ce saut vers l’inconnu.

J’étais la seule à aller d’Inde en Moldavie en passant par Moscou, pour rejoindre le groupe du SCI qui devait être déjà arrivé. Les autres venaient en train de Paris[2]. Je m’attendais à recevoir un billet et à être prise en charge à Tachkent et c’est finalement ce qui s’est produit. Mais du fait des difficultés de communication les choses n’étaient jamais claires et je ne savais pas à quoi m’attendre. A mon arrivée, ils m’ont fait visiter la ville et m’ont acheté une glace. Puis dans la soirée ils m’ont ramenée à l’aéroport et m’ont donné un billet pour Moscou. Il y avait une queue, mais aucune langue commune. On m’a dit que l’on ne savait pas ce qu’il allait se passer, mais que tout irait bien. En effet, à l’arrivée à Moscou, j’ai été accueillie par quelqu’un qui parlait hindi et qui m’a amenée dans une sorte d’auberge de jeunesse, en me disant qu’il me verrait le lendemain avant de repartir pour la Moldavie.
A l’arrivée en Moldavie, le groupe était déjà à l’ouvrage, pour ramasser des cerises. On pouvait constater une différence extraordinaire entre les Communistes et les autres et entre Russes et Européens de l’Est dans leur manière d’appréhender les choses. Le projet avait été organisé de manière assez secrète, du moins sans communication extérieure. Les programmes et l’emploi du temps n’étaient pas connus à l’avance. Dans la soirée, sans être prévenus, nous avons tous été répartis dans diverses familles. C’était sympathique, mais il n’y avait aucune explication. Je me suis retrouvée tout à coup dans une famille russe, mangeant du pain, je me sentais heureuse, et j’imaginais que tout avait été organisé spécialement pour moi. Mais en rentrant au chantier, je me suis rendu compte que tout le monde avait eu la même expérience, sans être prévenu. C’était amusant, mais assez curieux. Quelques volontaires demandaient : « Pourquoi est-ce que vous ne vous ouvrez pas davantage sur le monde extérieur ? » et d’autres répondaient : « Quand vous êtes dans une plaisante maison de verre, pourquoi laisser rentrer la poussière ? »
De manière générale, les gens étaient chaleureux et hospitaliers. A la fin du chantier, on nous a emmenés au mausolée de Lénine, où il y avait une longue queue. Nous avons pris la suite, mais après un moment, on nous a mis devant, car nous étions une délégation particulière. La queue était si solennelle qu’on aurait dit une cérémonie religieuse.

Retour en Inde

Après mon retour d’Europe et de ma période de formation au Secrétariat international, j’ai rejoint Devinder das Chopra au Secrétariat asiatique du SCI à New Delhi. Par la suite, j’ai été présidente de la branche indienne, deux fois vice-présidente internationale et membre du Secrétariat international en 1986-90, suite à la décision de déplacer celui-ci à Bangalore. Durant des périodes intermédiaires ou parallèlement, j’ai travaillé sur les problèmes de développement, en inde et à l’étranger. La période passée avec le SCI, en même temps que Seshan, a été importante pour moi et pour le mouvement.
Avec beaucoup d’autres qui travaillaient pour le développement, nous avons pu constater que les valeurs, les objectifs et la vision du SCI avaient eu beaucoup d’influence sur notre action, sur notre manière de procéder et sur l’aide que nous avions pu apporter aux autres pour suivre la même orientation. Pour promouvoir la paix par la compréhension et le respect mutuels, la justice et le bienêtre de tous, il faut commencer par reconnaître les préjugés – les siens et ceux des autres – avec la volonté de les surmonter et cela à chaque niveau de la société. Si nous avions été plus conscients de l’impact de l’action du SCI sur les individus qui y participaient, nous aurions peut-être été plus efficaces.

Le Secrétariat asiatique, 1960-65

Contribuer à l’établissement d’une base solide pour le SCI en Asie ; renforcer les branches de l’Inde, du Pakistan et du Japon ; commencer à travailler avec de nouveaux pays comme le Sri Lanka, la Malaisie et la Thaïlande ; travailler avec les réfugiés tibétains en Inde avec Devinder Das Chopra, le premier secrétaire asiatique : toutes ces expériences ont été à la fois satisfaisantes et excitantes.
L’expérience antérieure de Devinder avec le SCI, son dynamisme, ses compétences stratégiques et ses qualités personnelles étaient précieuses, alors que les ressources disponibles pour ces nouvelles aventures étaient maigres. Mais l’implication d’organisations volontaires ayant une orientation proche et la mobilisation des individus ont créé les bases pour le développement du mouvement. Les volontaires à long terme venus de l’étranger ont joué un rôle important dans celui-ci.

L’impact de 1968

La « révolution étudiante » à Paris et le progrès des idéaux politiques de gauche dans beaucoup de pays européens ont eu un impact sur le SCI. Au sein des branches nationales et des différents comités, il y a eu une coupure qui a suscité une crise de confiance chez les anciens. C’est ainsi que Hiroatsu Sato et moi-même ont été perçus à distance comme des « réactionnaires ». Appliquée à moi, cette expression n’avait pas grand sens. Comme beaucoup d’autres, nous ne voyions pas clairement dans quelle mesure cette agitation des esprits était inévitable, ni pourquoi et comment elle avait une incidence sur le mouvement. Le problème posé par cette crise de confiance, à une époque de pression pour le changement en suivant les tendances dominantes et la manière dont cela affecte les organisations ou les groupes : cette question a continué à se poser pour moi de manière très concrète.
A cette époque, il semble que pour beaucoup de ses membres, le SCI n’était plus ressenti comme un mouvement radical. La méthode des chantiers, le volontariat à long terme outremer et le travail pour la paix et la réconciliation leur semblaient insuffisants. Aucune force morale suffisamment convaincante n’est apparue pour rassurer les membres.

Les années 70 : l’âge d’or du SCI

Les années 70 ont vu un rajeunissement du SCI en Asie, en commençant par la célébration de son 50e anniversaire. La branche indienne a donné l’élan pour développer l’action dans d’autres pays. On a imaginé de nouvelles manières de travailler, en s’appuyant sur des projets à long terme, avec des volontaires indiens et étrangers. Beaucoup d’entre eux se sont engagés pendant de nombreuses années avec le mouvement et ont pris des responsabilités avec beaucoup de conviction. J’ai d’autant plus apprécié que je pouvais me fonder sur ma propre expérience et que j’étais soutenue et encouragée par des volontaires qui connaissaient souvent des situations exigeantes et difficiles. Certains membres du SCI ont souvent considéré ces années comme la « période dorée » du SCI ! Mais on a parlé aussi de déclin du mouvement Beaucoup de facteurs y ont contribué. Suivant un volontaire suisse : « le problème avec le SCI, c’est qu’il ne meurt jamais complètement. Quelques « poches » restent vivantes, par-ci par là ».

Membre du Secrétariat international : 1986-90

Ma propre histoire avec le SCI a été associée avec de nombreuses tentatives de renaissance du mouvement. C’était le cas par exemple lorsque le Comité international a décidé que, pour la première fois, le Secrétariat international serait localisé en Inde, après avoir été en Europe pendant 70 ans.
Quelques anciens, comme Seshan, moi-même et Chandru (volontaire de longue durée en Inde, en Europe et au secrétariat de la branche indienne ayant une grande expérience du développement), Krpa (également volontaire et actif en matière de développement) ont constitué le Secrétariat international de 1986 à 1990. De nouveaux programmes adaptés au contexte asiatique et permettant une relance du mouvement ont été mis en route : programmes pour les jeunes et pour les femmes, multiplication des chantiers avec des organismes de développement en Asie. La structure a été renforcée par la création de coordinateurs de terrain assistant les secrétariats nationaux. Le Secrétariat international comportait une section séparée, chargée d’aider le travail sur le terrain, la collecte de fonds, etc... et il a continué à travailler avec les branches européennes et avec le Comité international. Il y a eu un grand élan et un renouveau de la confiance dans les objectifs et les méthodes du SCI. Mais cet élan ne s’est pas maintenu, pour une diversité de raisons.

Les innovations apportées par le SCI

L’Inde était une colonie britannique lorsque Pierre Cérésole y est venu dans un esprit de service et d’intégration dans la communauté locale. On s’étonnait de le voir travailler comme les autres, alors qu’il était responsable de chantier, mais aussi financeur. Cette idée de service et d’abolition des préjugés m’a également impressionnée. Les volontaires du SCI ont une sensibilité et un respect vis-àvis des autres que l’on trouve rarement ailleurs. Et à l’époque de mon engagement, nous avions une vision du monde.
Comme je l’ai indiqué, les membres du SCI apportaient aussi quelque chose de différent lorsqu’ils s’engageaient à l’extérieur. Ce qu’ils avaient vécu avec le mouvement contribuait à les faire mûrir. Ils avaient acquis une expérience et des connaissances précieuses de l’organisation et du fonctionnement d’un organisme international, alors que beaucoup d’institutions de ce type ne sont pas vraiment gérées de manière internationale. La création de groupes locaux, de branches nationales, de groupes de travail thématiques au niveau international, l’élection de délégués à un comité international, le travail en commun de personnes différentes avec des motivations semblables : toutes ces innovations étaient très originales. A la fin des années 70, quelques organismes de développement en Inde du sud ont organisé des expériences d’immersion de jeunes dans un travail commun qui restaient très en deçà de ce qu’avait fait le SCI pour faire évoluer les attitudes.
Aujourd’hui, je m’implique encore, de manière plus modeste, dans des activités bénévoles, qui restent centrées sur les gens, les processus et les relations. J’ai des étiquettes variées : animatrice, formatrice, experte en sciences sociales, conseillère en ressources humaines et en développement. Quelle que soit l’appellation, il est incontestable que l’expérience du SCI m’a aidée à remplir ces fonctions d’une manière que l’on ne peut mesurer. C’est pourquoi je souhaite que le SCI continue à vivre.
Lorsque je me remémore mes différentes expériences et les confronte à celles de la nouvelle génération, je suis frappée de voir qu’il y a près de 50 ans le SCI prenait l’initiative d’envoyer des volontaires indiennes en Europe, d’aider les objecteurs de conscience, de s’impliquer avec les Algériens avant et après l’Indépendance, de travailler à la fois en Inde et au Pakistan après la partition et d’échanger des volontaires entre ces pays, d’organiser des échanges Est-Ouest. C’était là des initiatives radicales ! Les chantiers du SCI ont aussi anticipé sur les principes modernes de développement personnel, de travail en équipe et d’animation, de résolution de conflits, de responsabilisation, etc. Et ces principes ont pu être mis concrètement en pratique. « Pas de paroles, des actes », non pas en termes de résultats concrets (nombre de maisons construites, etc), mais en termes de capacité à travailler en commun : c’est peut-être le message essentiel.
Si certains membres du SCI peuvent parfois avoir le sentiment que nous n’avons pas réussi, il nous faut peut-être regarder de manière critique ce que nous avons fait ou non, mais ne pas conclure que les origines, les objectifs ou même les méthodes n’étaient pas valables. Certaines adaptations aux exigences du monde actuel peuvent être nécessaires pour donner du sens à l’action dans un contexte changeant. Mais peut-il y avoir quelque chose de plus essentiel que le principe suivant lequel les êtres humains doivent d’abord abolir leurs préjugés. Et de passer à l’action !

 

 

[1],[2] Voir aussi les souvenirs de Max Hildesheim, chapitre 5.




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