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Rabier Paulette

Paulette Rabier avait fait des études d’infirmière et d’assistante sociale à Mulhouse.en Alsace, qui l’ont mise en contact avec des Nord-Africains, ce qui l’a conduite à travailler comme volontaire avec les réfugiés algériens en Tunisie.

Origin of the text
Olivier Bertrand: Breaking down barriers 1945-1975, 30 years of voluntary service for peace with Service Civil International.
Paris (2008)

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Paulette Rabier

Pendant mes études, de 1952 à 1955, j’avais connu une association intitulée Entraide par les jeunes, qui aidait les personnes âgées (repeindre les appartements, couper du bois) et par laquelle j’avais entendu parler du SCI. Pendant les deux ou trois ans qui ont suivi je me suis occupée à titre professionnel de familles algériennes. J’ai eu envie d’en connaître davantage sur le Maghreb, d’où venaient les familles et les travailleurs, mais il n’était pas question d’aller en Algérie à cause de la guerre. J’ai pris contact avec le SCI, et en 1958 j’ai participé en Tunisie à un chantier Orient-Occident (dont Dorothy était le promoteur), sur lequel travaillaient des Maghrébins et des internationaux . Il s’agissait de travaux de peinture dans un hôpital ; il y avait beaucoup de discussions et des conférences, l’une d’entre elles par un Libyen, très enflammé par la cause du grand Maghreb. On s’était beaucoup bagarrés avec les Egyptiens et les Libyens – moins avec les Algériens et les Tunisiens - à cause du rôle de la femme, bien que ça n’aie pas été au programme. Ils avaient des attitudes très machos, très rétrogrades . Mais je n’ai pas eu l’expérience – ou connu l’époque, durant laquelle les femmes volontaires étaient cantonnées dans des rôles de « sisters». J’ai surtout eu des contacts avec les Algériens et les Tunisiens, qui ont emmené d’autres volontaires au camp de Sakhiet, qui venait d’être bombardé par l’aviation française.

A la suite de ce chantier, souhaitant faire quelque chose pour l’Algérie, mais ne pouvant y aller, j’ai décidé que je serais plus utile en Tunisie qu’à Mulhouse. Il y avait au même moment un projet de chantier pour des réfugiés, mais il semble que les autorités ne souhaitaient pas, à cette époque, y faire participer de nombreux volontaires étrangers. J’ai aussi participé en 1959 à un chantier Orient-Occident près de Lausanne, pour former des équipes de volontaires femmes pour agir auprès des femmes. Il s’agissait d’acquérir des compétences pour les femmes (santé, couture) et non pour le travail de chantier C’est là que j’ai rencontré Nelly et aussi Lise Cérésole ; il y avait aussi des volontaires d’autres pays.

Je suis repartie en Tunisie à fin octobre 1958, avec Noël Plattew  (maintenant en Belgique) ; mais le chantier envisagé n’a pas eu lieu. J’ai eu un contrat avec le ministère de la Santé tunisien. J’ai d’abord travaillé sur la frontière algéro-tunisienne, mais me suis vite rendu compte que l’on ne tenait pas à avoir des Français. On m’a dit au bout de peu de temps d’aller ailleurs, en me demandant où je voulais aller. J’ai proposé d’aller à Kairouan, où il y avait aussi une équipe de la Mission de France, qui avait été expulsée de Souk Ahras (en Algérie, à la frontière tunisienne). J’ai travaillé un an à Kairouan, comme assistante sociale, avec un contrat local, puis comme assistante sociale dans une maison d’enfants algériens (dépendant du Croissant rouge et des syndicats – UGTA), en tant que civiliste bénévole (avec une petite indemnité). J’y suis restée trois ans et j’y ai aussi fait de la formation du personnel. Il s’agissait également d’informer des personnes susceptibles de financer.

En 1962 et jusqu’à 1965, je suis allée comme conseillère du travail en Algérie, à Annaba, où mon mari (également ancien volontaire) travaillait dans la sidérurgie. Je suis rentrée en France en 1966, m’ suis mariée suis retournée à Annaba avec mon mari de 1967 à 1969. Durant les années 76, j’ai enseigné au lycée de Sèvres.

Au départ, le SCI était un moyen d’aller au Maghreb, sans tomber comme ça du ciel. J’étais surtout motivée par la guerre d’Algérie, où je suis est allée immédiatement après l’Indépendance. Les Suisses étaient moins réservés que les Français vis-à-vis de l’Algérie. Ces derniers avaient souvent peur de s’engager, peur des Autorités françaises. Au contraire, comme enfant ayant eu l’expérience de la guerre, je trouvais inadmissible d’en faire encore une  Je conçois qu’un organisme en tant que tel ne puisse pas s’engager au même titre qu’un individu. Mais je dis ça maintenant, je ne suis pas sûre que je l’aurais dit à 20 ans .

Le SCI m’a paru efficace à l’époque. Il me semble que la branche française a évolué dans le sens de la décentralisation, ce qui est peut-être un peu dommage pour une action d’envergure. Je me demande si le siège de Paris est au courant de ce qui se fait ailleurs. Ce que je reproche à la branche française, c’est de ne rien faire dans les cas de catastrophes. L’action d’urgence n’existe plus. Pas de mobilisation, ni d’appel




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