Afrique de l'ouest : nouvelles formes de cooperation
Les origines : Ghana et Togo1
Un membre du Service civil, qui était également quaker, Gordon Green, avait été objecteur de conscience durant la deuxième Guerre mondiale et avait eu l’expérience du travail manuel non qualifié avec une rémunération nominale. Après avoir travaillé sur différents chantiers en Europe, il avait participé à certains projets des Quakers aux Etats-Unis. Le fait d’avoir eu pour la première fois une réelle rencontre avec des noirs avait suscité son intérêt pour le problème des gens de couleur. .En 1964, Gordon est parti pour enseigner dans une école chic au Ghana. Pour donner à ses élèves l’occasion de connaître de première main et de combattre le sous-développement, il avait contribué à organiser de manière occasionnelle des chantiers de travail ; à l’approche de l’Indépendance, il a ressenti le besoin de le faire de manière plus régulière. C’est ainsi qu’avec des amis africains et européens qui partageaient son état d’esprit il a fondé en 1956 l’Association des Chantiers de Travail volontaire (Voluntary Workcamps Association ou VWAGC par la suite VWAG, la Gold Coast étant désormais le Ghana).
En 1962, le Comité de Coordination3 a organisé la deuxième formation de responsables de chantier au Ghana et au Togo... Il était significatif que ce projet régional ait pu se situer simultanément dans les deux pays, car, bien que voisins, leurs relations officielles étaient loin d’être cordiales. Mais les relations amicales et la coopération entre volontaires des deux pays ignoraient les désaccords entre gouvernements, depuis que le premier projet régional avait eu lieu au Ghana en 1958. Un seul Togolais, Gerson Konu, un instituteur de Palimé, avait pris part à ce premier projet et il en avait rapporté l’idée des chantiers de travail volontaire. C’est ainsi qu’il a créé sur le modèle du VWAG l’association « Les Volontaires au Travail ». En grande partie grâce à la réussite de ce projet, Gerson a été élu au Parlement togolais. L’indépendance et le travail des deux organisation ont été si largement appréciés que les deux organisations ont survécu à la période d’incertitude politique qui a culminé avec les coups d’Etat dans les deux pays. C’est seulement en 1957-58 que l’IVS (la branche britannique du SCI) a envoyé les premiers volontaires au Ghana et au Togo. Progressivement, au cours des années 60, l’IVS a placé un grand nombre de volontaires à long terme dans différents pays au sud du Sahara, en réponse à des demandes précises émanant de communautés locales et de gouvernements,. Mais c’est surtout en Afrique du Nord et de l’Ouest que le SCI a été connu et apprécié en tant que mouvement international, grâce aux liens très étroits de coopération et d’amitié établis avec des partenaires locaux.
Les deux premières contributions qui suivent, celles de Nicole Lehmann et de Max Hildesheim, concernent principalement la même période – la fin des années 50 et le début des années 60 – et le même pays, le Togo, où tous deux ont accompli un service à long terme. Mais ils ont aussi participé à de nombreux autres chantiers dans d’autres pays. Lorsque Nicole Paraire s’est engagée à son tour avec le SCI, au cours des années 70, il n’y a eu que des échanges de volontaires à court terme avec l’Afrique de l’Ouest. Elle avait déjà fait des chantiers dans d’autres pays, mais elle a surtout contribué à mettre en œuvre une nouvelle politique du SCI vis-à-vis de l’Afrique. Tous trois ont été en relations avec Gerson Konu, une personnalité qui a joué un rôle essentiel pour son pays et pour le développement du SCI en Afrique.