Quelques précurseurs de la non-violence
Quelques précurseurs de la non-violence(2)
On peut trouver au moins cinq sources d’inspiration qui ont pu influer sur la naissance du SCI :
- Henry David Thoreau (1817-1862), philosophe américain, qui avait notamment publié un petit ouvrage sur le thème de la Désobéissance civile, avait refusé de payer un impôt qui ne lui paraissait pas justifié et avait fait de la prison. Il a été l’un des inspirateurs de la désobéissance civile à différentes périodes et a été redécouvert par les dernières générations de militants contre la guerre.3;
- William James (1842-1910), autre philosophe américain dont les écrits ont été lus par Pierre Cérésole. Dans une conférence de 1906, il suggérait de créer un service civil pour les jeunes, en remplacement du service militaire4. Son idée était de mobiliser au service de la paix « l’enthousiasme et les qualités héroïques de la jeunesse ».
- Léon Tolstoï (1828-1910) a publié à partir de 1904 (Première révolution russe) une série de brochures anti-militaristes et non-violentes qui ont eu un grand impact à cette époque. Il a correspondu avec Gandhi.
- Romain Rolland (1866-1944), écrivain français, prix Nobel de littérature en 1915, avait publié en 1914 un recueil de textes intitulé « Au-dessus de la mêlée », dans lequel il écrivait : « Un grand peuple assailli par la guerre n'a pas seulement ses frontières à défendre. Il a aussi sa raison ». Il était également en relations suivies avec Gandhi. Bien entendu, Gandhi (1869-1948) lui-même a été une source majeure d’inspiration, par ses idées et surtout par son action non-violente pour l’Indépendance de l’Inde et pour les déshérités.
Sur un plan concret, Pierre Cérésole avait aussi pu observer les chantiers de travail volontaire des pays anglo-saxons et scandinaves, en particulier ceux qu’organisaient les Quakers. Il avait aussi vu son compatriote J. Baudraz refuser le service militaire. Mais s’il y a eu des précédents, le chantier de Verdun en 1920 reste le premier exemple de chantier international conçu comme substitut au service militaire5.
Ce rappel des origines était utile pour bien comprendre l’esprit dans lequel a démarré le Service civil, mais aussi quelques unes des questions que pouvait poser la mise en pratique du concept, sur lesquelles on reviendra à la fin de ce recueil.
- Voir : Jean-Pierre Petit : Service civil international : Quel héritage ? Approches
- Internet site : thoreau.eserver.org.
- The Moral Equivalent of War", Stanford University, 1906. W. James pensait qu’il fallait néanmoins « préserver les mâles vertus que les militaires craignaient de voir disparaître avec la paix ». Le service devrait comporter un travail dur, exercé avec bonne humeur mais dans la discipline.
- Arthur Gillette, One MillionVvolunteers, Penguin.
- Hélène Monastier : Pierre Cérésole d’après sa correspondance. Op. cit.