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Un visionnaire : Pierre Cérésole

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Olivier Bertrand: Breaking down barriers 1945-1975, 30 years of voluntary service for peace with Service Civil International.
Paris (2008)

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Un visionnaire : Pierre Cérésole

La forte personnalité de Pierre Cérésole est à l’origine du Service Civil International. Né en 1879 à Lausanne, il appartenait à une grande famille d’esprit ouvert qui recevait des écrivains et des intellectuels. Son père avait été président de la Confédération. Après son diplôme d’ingénieur, Pierre avait travaillé quelque temps dans une grande entreprise, mais il n’était pas intéressé par une carrière et il a passé plusieurs années à voyager autour du monde, en faisant toutes sortes de travaux, notamment manuels. Très préoccupé de problèmes moraux et spirituels, il était profondément chrétien, mais avait un esprit très indépendant.

En 1917, alors que la Suisse, bien que pays neutre, faisait des préparatifs militaires pour parer à toute éventualité, Pierre Cérésole a fait des déclarations publiques en faveur de l’objection de conscience et a refusé de payer l’impôt pour la défense. Il a été poursuivi à différentes reprises par la justice et a fait plusieurs fois de la prison pour cetteraison. A la fin de la guerre, il a participé à des réunions du Mouvement de la réconciliation, une organisation pacifiste internationale, dont il a été quelque temps le Secrétaire. Lors d’une de ces réunions, un jeune Allemand a déclaré : « Nous avons assez parlé pendant deux jours ; il est temps d’agir ». Et il expliquait que son père avait contribué aux destructions de la guerre en France et qu’il souhaitait participer à sa reconstruction.

Pierre Cérésole a été très touché par cette déclaration, qui répondait parfaitement à son propre souci de privilégier une action pour un service (ce qui est l’origine de la devise du SCI : “Pas de paroles, des actes”). En 1920, il décidait avec quelques amis d’organiser le premier chantier de travail volontaire près de Verdun, où avaient eu lieu les combats les plus meurtriers, malgré les réticences d’une partie de la population pour laquelle les Allemands restaient les ennemis. Au cours des années qui ont suivi, d’autres chantiers ont été organisés avec une participation internationale, d’abord en Suisse et dans les pays voisins, principalement pour remédier à des désastres naturels.

En 1931, Romain Rolland, l’un des très rares écrivains qui s’était opposé à la guerre, a invité Pierre Cérésole à rencontrer Gandhi, dont l’action non-violente en Inde et les idées étaient très proches et Gandhi l’a reconnu comme un frère. Des liens se sont ainsi établis avec l’Inde et les premiers animateurs du Service civil ont été particulièrement sensibilisés au tremblement de terre qui a affecté l’Etat du Bihar en 1934. Avec quelques volontaires, Pierre y a participé à un chantier et a rencontré des personnalités locales, dont Rajendra Prasad, alors président du Parti du Congrès et futur président de la Fédération. A la fin du chantier, celui-ci a déclaré : « Le simple fait que des Européens (des « sahibs ») participent à un travail aussi humble avec des Indiens est une révolution, qui stupéfie les passants et donne toute sa valeur et sa signification au projet”1 .

A la même époque, une assemblée générale de tous les volontaires et amis du Service civil s’est tenue pour la première fois. Elle a élu un Comité international et décidé d’avoir un Secrétaire permanent. C’était le début d’un processus d’institutionnalisation, qui supposait la création d’un Secrétariat et d’un bulletin et l’organisation de réunions périodiques. Des branches du SCI ont commencé à se constituer en Europe. Mais les ressources financières sont restées très modestes ; elles provenaient essentiellement de dons reçus à l’occasion de chantiers d’urgence, suite à des désastres naturels.

En plus de ces chantiers habituels, “pelle et pioche”, le SCI a participé activement à une aide aux réfugiés espagnols pendant la guerre civile, en Espagne, puis en France. Ce travail (principalement l’organisation de cantines) s’est déroulé sur une large échelle et a bénéficié d’importants soutiens extérieurs.

Le SCI, qui comportait une dizaine de branches en 1939, a dû considérablement réduire ses activités durant la Deuxième guerre mondiale. Pierre Cérésole, décédé en 1945, n’a pu assister au développement rapide qui est intervenu aussitôt après la guerre. Ce sont les souvenirs de la deuxième génération de volontaires, acteurs de ce développement, qui font l’objet des chapitres suivants.

  1. Hélène Monastier : Paix, pelle et pioche, histoire du Service civil international de 1919 à 1965 (Service civil international, 1965). Also : Hélène Monastier, Pierre Ceresole d\'après sa correspondance, La Baconnière) Neuchâtel, 1960. Et Arthur Gillette. One Million Volunteers. Penguin, 1968.



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