Avant-propos
Le Service civil international (SCI) a été créé après la première Guerre mondiale par un objecteur de conscience suisse, Pierre Cérésole. Son objectif était de travailler pour la paix et la compréhension mutuelle et de créer un service civil volontaire appelé à remplacer le service militaire. Dans ce but, le SCI a été le premier organisateur de chantiers internationaux intervenant dans des situations d’urgence ou pour venir en aide à des populations défavorisées. Après la Deuxième Guerre, le SCI s’est développé au niveau mondial (43 branches dans cinq continents aujourd’hui) et beaucoup d’autres organismes ont suivi cet exemple et accueillent des jeunes en très grand nombre sur des chantiers.
Nous nous sommes retrouvés récemment avec quelques anciens volontaires de différents pays. Nous avons évoqué nos souvenirs , ce que nous avions appris de cette expérience et son influence sur notre vie. Nous avons constaté qu’après quatre ou cinq décennies, nous avions toujours beaucoup en commun, en dépit de la variété de nos origines et de nos itinéraires. C’est ainsi qu’est née l’idée de réunir des souvenirs d’anciens volontaires de la période 1945 à 1975. Bien que mon implication dans ce mouvement ait été d’assez courte durée (en 1959-61), elle a été suffisamment riche pour me donner l’envie d’entreprendre ce travail, en collaboration avec Phyllis Sato.
Ceux qui ont contribué à ce recueil avaient pour la plupart participé de manière durable à des chantiers à l’étranger, soit comme volontaires à long terme, soit pour une multiplicité de chantiers. Après la génération des fondateurs du mouvement au cours des années 20 et 30 et la parenthèse entraînée par la guerre, ils ont constitué la deuxième génération qui a contribué activement à l’expansion et à l’internationalisation du SCI. Ils étaient enthousiastes et sérieusement engagés, ils croyaient profondément aux idéaux de paix et de compréhension mutuelle et à la valeur d’un travail dur réalisé ensemble. Cette expérience a souvent eu un impact sur leur évolution ultérieure.
Il nous a semblé que le recueil de ces souvenirs serait intéressant d’abord pour les participants et leurs familles, mais aussi pour regarder avec le recul les valeurs, les idéaux et les intérêts des jeunes de cette génération. Il doit être clair que ce travail ne prétend pas constituer une histoire du Service Civil International et ne rend que partiellement compte de la diversité des activités de cet organisme durant la période considérée. Il est centré sur des histoires individuelles, mais celles-ci sont replacées dans le contexte historique et dans l’évolution du mouvement.
Comme il fallait limiter le cadre de ce recueil, il ne présente qu’un petit nombre d’itinéraires de volontaires particulièrement engagés, qui se sont souvent croisés. La mémoire de quelques uns des pionniers décédés récemment est aussi évoquée. Au total, une trentaine de témoignages ont été recueillis, émanant de sept pays différents, en particulier la Grande-Bretagne, la France et l’Inde,.. Bien qu’ils se soient référés à une grille de questions commune, ils sont très hétérogènes, aussi bien du point de vue de la longueur que du contenu et du style, mais nous avons choisi de conserver leur forme originale.
Ces témoignages auraient pu être présentés en ordre chronologique, ce qui ne permettait pas de les situer dans leur contexte et de faire des rapprochements. A l’inverse, on pouvait découper les fragments des différents récits pour les regrouper par région et par période, mais on perdait l’unité des itinéraires individuels. La solution intermédiaire choisie a consisté à conserver les témoignages dans leur unité et à les regrouper dans des chapitres par région en privilégiant celle dans laquelle le volontaire avait eu son principal engagement.
Suivant ce principe, le plan du recueil est le suivant :
- Le chapitre 1 rappelle les origines du SCI et le rôle de son fondateur. Il pose la question des problèmes auxquels ont pu être confrontés les fondateurs pour la mise en œuvre d’un service civil..
- Le chapitre 2 est centré sur l’Europe, où le re-démarrage et le développement du mouvement se sont produits après la Deuxième Guerre et où l’institution a commencé à se structurer.
- Le chapitre 3 porte sur l’Asie et particulièrement l’Inde, où sont allés les premiers volontaires dés 1934 et qui est devenue un centre international important à partir de 1957.
- Le chapitre 4 concerne le Maghreb et plus particulièrement l’Algérie, avant et après l’Indépendance.
- Le chapitre 5 comporte quelques souvenirs sur l’Afrique occidentale. Le chapitre 6 reprend de manière transversale les idées et les observations des participants et constitue une sorte de conclusion.
- La conception et la réalisation de ce travail ont été assurés en étroite collaboration avec Phyllis Sato, qui s’est notamment chargée de retrouver d’anciens volontaires1, de regrouper et de revoir le chapitre sur l’Asie. Je suis reconnaissant à David Palmer et à RL pour leur contribution à la révision de la version anglaise des autres chapitres, et à Arthur Gillette pour sa préface. Je remercie ceux et celles qui ont bien voulu collaborer à ce recueil et attendre patiemment son achèvement.
Olivier BERTRAND, décembre 2008
Origin of the text
Olivier Bertrand: Breaking down barriers 1945-1975, 30 years of voluntary service for peace with Service Civil International.
Paris (2008)