Le nouveau rôle des volontaires à long terme
Le SCI a adapté son mode d’action à l’évolution des besoins. On a moins mis l’accent sur la recherche d’une alternative au service militaire et d’ailleurs plusieurs pays avaient déjà supprimé le service obligatoire. Par ailleurs, le contrôle des changes rigide imposé par la guerre s’était allégé et les voyages devenaient plus faciles, ce qui permettrait de recevoir davantage de volontaires. Si le SCI a joué un rôle de pionnier, beaucoup d’autres organisations ont commencé à organiser des chantiers, parmi lesquelles celles qui étaient financées et gérées par des gouvernements, des organisations religieuses ou des associations. Néanmoins, le SCI conservait un rôle unique, par son internationalisme, par son réseau de branches et de groupes gérés par des nationaux mais envoyant chaque année des représentants aux réunions du Comité international et par son indépendance financière des gouvernements. Mais il a fallu que le SCI reste adapté aux circonstances. Le Peace Corps a été créé en 1961 et des programmes comparables sont apparus dans d’autres pays. Le Gouvernement britannique a adopté une nouvelle approche en commençant par recruter et financer des volontaires mis à disposition d’organismes existants, dont l’IVS (branche britannique du SCI). C’était d’abord par l’intermédiaire du Lockwood Committee, puis par le ministère du Développement Outremer.
On ne peut dire ce qui est venu en premier : les occasions de démarrer des chantiers, qui ont toujours existé, ou les moyens de financement. La branche indienne a eu la possibilité d’ouvrir un chantier à Madras en 1958, grâce au père Pierre Ceyrac, longtemps soutien du SCI et plus tard représentant de l’Inde au Comité international, qui connaissait le maire de Madras, Mrs. Tara Cherian. Il s’agissait de travailler dans un bidonville intitulé Cherian Nagar. En plus du projet de Kasauli, géré par le Secrétariat asiatique (1961-1965), la branche indienne a commencé à travailler dans une léproserie à Hatibari (Orissa) en 1961-1962 (voir Elizabeth Crook, Cathy Peel et Bhuppy Kishore). Au milieu des années 60, il y a eu le projet agricole de Rapti (démarré en 1966) au Népal, celui de Pahayria, également agricole au Sri Lanka, la ferme coopérative de Kimpu au Japon, ainsi que les placements de volontaires en Thaïlande et avec la branche du Pakistan oriental (Voir Kobayashi sur Kimpu, Ann Kobayashi sur la Thaïlande et Roger Gwynn sur le Pakistan oriental). Les volontaires qui travaillaient sur ces projets ont également participé à des chantiers à court terme, mais il ne s’agissait plus de circuler d’un chantier à l’autre.